1845
L'École allemande d'horlogerie de Glashütte
Lorsque les premiers horlogers s'installèrent à Glashütte au milieu du XIXe siècle, le trajet jusqu'à Dresde, à 30 kilomètres de là, durait environ trois jours. La région isolée des Monts Métallifères avait vécu de l'exploitation minière pendant des siècles. Mais avec la diminution des gisements de minerai, la population locale eut peur d’être confrontée à la pauvreté.
Le fait que l’art horloger se soit implanté à Glashütte n’est donc pas le fruit du hasard. Il s’agissait d’un projet bien conçu, soutenu par le Royaume de Saxe, et dont le but était de donner une nouvelle perspective à la région. Toutefois, le gouvernement ne finança pas la construction de manufactures, mais uniquement la formation d’horlogers, jetant ainsi les bases d’une industrie qui, dès le départ, se concentra sur un savoir-faire spécialisé et sur sa transmission.
En quelques années, Glashütte réussit à passer d’une humble ville minière à une institution internationale dans le domaine de la fabrication de montres de haute précision. Ce ne fut pas là l’œuvre d’une seule personne ou d’une seule entreprise. Il s’agissait d’un effort commun de grands visionnaires qui se soutenaient mutuellement et entretenaient des liens d’amitié étroits. Leur plus grand héritage, cependant, fut l’École allemande d’horlogerie de Glashütte.
1878
La cérémonie d'ouverture eût lieu le 1er mai 1878. Les 16 premiers élèves suivirent les cours dans deux pièces du bâtiment de l'école communale de Glashütte. Cependant, un an plus tard, le nombre de personnes souhaitant apprendre l'horlogerie à l'école fut supérieur à la capacité des locaux. Un bâtiment séparé fut donc construit au centre de Glashütte, achevé en 1881 et pouvant accueillir de 60 à 80 élèves. Au bout d'un certain temps, ces locaux ne suffirent plus. Le bâtiment fut donc agrandi en 1921 et doté d'un parc avec une fontaine monumentale.
Pouvoir fréquenter l’École allemande d’horlogerie de Glashütte était un grand honneur et les étudiants avaient un fort sentiment d’appartenance à la communauté. Ils formaient des fraternités dans lesquelles ils passaient leur temps libre et soutenaient les autres étudiants bien au-delà de leur propre apprentissage. Les diplômés diffusaient l’éthique de l’horlogerie de Glashütte dans le monde entier et portaient le titre de « Diplômé de l’École allemande d’horlogerie de Glashütte » avec fierté jusqu’à la fin de leur vie.
De même, pour de nombreux maîtres horlogers et industriels prospères de Glashütte, un poste d’enseignant dans cette école renommée équivalait à une consécration. L’horloger Ludwig Strasser, célèbre pour ses horloges à pendule de précision et l’invention de l’échappement à détente à ressort libre, joua un rôle clé dans l’évolution de l’institution depuis sa fondation. Au départ, il souhaita continuer à faire partie de la société Strasser & Rohde. Cependant, lorsque la charge de travail liée à son rôle de directeur général fut devenue trop lourde par rapport à ses activités d’enseignant, il se décida en faveur de l’école. En 1885, il prit le poste de directeur, qu’il occupera pendant 32 ans.
1920
L'École allemande d'horlogerie de Glashütte ne poursuivait pas seulement l'objectif de former des horlogers qualifiés. Elle souhaitait surtout promouvoir l'innovation. Au début du XXe siècle, Alfred Helwig, maître horloger et enseignant à l'école, releva le défi de développer la complication la plus élaborée de l'art horloger : le tourbillon. Dès le début, il impliqua ses élèves dans le travail. Ensemble, ils parvinrent en 1920 à fixer pour la première fois la construction sur un seul côté et à la libérer de la partie supérieure de sa cage. Le tourbillon volant est devenu l'une des inventions les plus célèbres de Glashütte.
Tous les samedis, le bâtiment de l’école était le théâtre d’un rituel particulier. De 8h00 à 8h10, l’observatoire de Berlin transmettait un signal horaire à Glashütte via l’une des premières lignes morse des Monts Métallifères. À l’aide d’une horloge à coïncidence, l’heure pouvait être vérifiée au dixième de seconde près.
Dans ses écrits, Alfred Helwig a décrit l’événement de manière saisissante : « Cette prise du signal horaire était un acte presque cérémoniel, accompagné du plus grand silence dans tout le bâtiment, de sorte que la coïncidence des battements pouvait être entendue très clairement. Le directeur et le professeur étaient présents et, à chaque fois, on appelait quelques élèves pour qu’ils se familiarisent progressivement avec la réception du signal horaire. »
Pendant de nombreuses décennies, l'École allemande d'horlogerie a constitué le cœur social de l'industrie horlogère de Glashütte. En 1951, la communauté d'entreprises indépendantes devint un groupe public, VEB Glashütter Uhrenbetriebe. Après la réunification allemande, Glashütter Uhrenbetrieb GmbH devint le successeur légal de l'ancien groupe d'État et par là-même l'unique héritier de l'industrie horlogère historique de sa ville natale. Aujourd'hui, elle concentre tout l'héritage de 1845 dans la marque Glashütte Original.
Cela signifie également que les jeunes talents de l’entreprise sont toujours formés dans le même bâtiment qu’en 1881. Depuis 2002, l’école d’horlogerie de l’entreprise porte le nom du grand maître Alfred Helwig. Les jeunes horlogers, outilleurs et machinistes qui y sont formés année après année assurent l’avenir de l’artisanat de Glashütte grâce à leurs idées et à leur dynamisme.
Glashütte Original est toujours restée fidèle aux idéaux de ses ancêtres. Avec la même force d’innovation qui a fondé son succès, la manufacture continue de viser la perfection absolue. En coulisses, les ingénieurs et les horlogers de l’entreprise poursuivent le travail de grands maîtres d’œuvre tels qu’Alfred Helwig. Avec le Tourbillon Flyback breveté, ils sont parvenus à développer le mécanisme ingénieux d’Helwig. Un embrayage vertical immobilise la pièce maîtresse du Senator Chronomètre Tourbillon lorsque la couronne est tirée. Si la couronne est tirée jusqu’à la position suivante et maintenue dans cette position, la cage du tourbillon tourne doucement jusqu’au point zéro de l’aiguille des secondes à son extrémité. Une pression sur la couronne remet sans effort le tourbillon en mouvement. Un chef-d’œuvre technique qui aurait certainement fait s’incliner le maître lui-même.